Le nom de l’animateur radio vient de s’inscrire sur une longue liste d’hommes de médias et de libres penseurs dont les crimes n’ont jamais été élucidés par la justice au Cameroun. Seule une mobilisation internationale de tous les instants fera inverser la tendance.
C’est fait. Plus de place au suspens. L’animateur radio Martinez Zogo a été assassiné. Le corps en putréfaction du chef de chaîne de la rasio Amplitude FM et présentateur de l’émission « Embouteillage » a été découvert ce dimanche 22 janvier 2023 en début de matinée à Ebogo, dans une banlieue de la capitale politique Yaoundé. Le corps a été déposée par la gendarmerie à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé. Là c’est pour les faits.
Les faits désormais connus, la question coule de source : qui a tué Martinez Zogo ? Pourquoi cet assassinat ? Cette dernière question, sans être sentencieux, a sa réponse. Martinez Zogo, à travers sa célèbre émission, a révélé un vaste scandale de malversations financières dans lequel se trouvent impliqué Jean Pierre Amougou Belinga et son ami le ministre des Finances, Louis Paul Motaze.
Le profil des commanditaires de l’assassinat de Zogo est la seule raison pour laquelle l’enquête annoncé ce jeudi 22 janvier par le ministre de la Communication, René Sadi, n’ira nulle part. Le suspect No 1, Jean Pierre Amougou Belinga est très liéau ministre de la Justice, Laurent Esso et le ministre de la Justice, on le sait, est le patron des magistrats de parquet.
Quel procureur aura le toupet de s’emparer de ce dossier et surtout de suspecter nommément les commanditaires sans susciter le courroux de la bête Laurent Esso et surtout de son compère Jean-Pierre Amougou Belinga ?
L’affaire Martinez Zogo a de fortes chances de sommeiller éternellement dans les tiroirs de l’oubli aussi et surtout parce que les autres victimes d’Amougou Belinga que, hier, il a assassiné n’ont toujours pas obtenu justice. C’est le cas du jeune jet-setteur Brian Fombor, assassiné en juin 2020 à Yaoundé. Ce dernier disait détenir une vidéo montrant Amougou Belinga et Laurent Esso, en pleine séance de partouzes avec une jeune animatrice de la chaîne de télévision Vision 4, appartenant à Amougou Belinga.
Le dossier de l’assassinat de Martinez Zogo courre le risque d’être classé sans suite davantage parce que les placards de la dictature de Biya sont pleins de cadres de journalistes et autres libres penseurs sont les assassins continuent de courir. Quand et où ont eu lieu les procès des commanditaires des assassinats de Bibi Ngota, Jules Nkoum Nkoum, Pius Njawe, Samuel Wazizi, Alfred Ngamba Zibi, Charles Ateba Eyebe ? Bien malin qui donnerait une réponse précision à cette interrogation.
Le seul moyen de pouvoir faire plier le genou du pouvoir Biya c’est une mobilisation monstre des organismes de défense de l’homme et de la liberté de la presse, aussi bien au Cameroun qu’à l’international. Car l’expérience a prouvé qu’acculé par les pressions internationales, le régime Biya a toujours été obligé de sacrifier quelques suspects dans des crimes antérieurs. Pour faire face au tollé général suscité par la mort en prison du journaliste Bibi Ngota en 2010, Biya a limogé le patron des services secrets de l’époque, Bienvenu Obelabout. Vivement que jusqu’au bout, justice soit faite.
Michel Biem Tong
