Un activiste affirme avoir été contraint de se cacher pour sa sécurité, après avoir échappé à une tentative d’enlèvement survenue il y a quelques semaines. Il aurait adressé une lettre au président Paul Biya, dans laquelle il lui conseillait de ne pas se porter candidat à l’élection présidentielle de 2025.
Le 6 juillet dernier, Aziz Moustafa, président de l’Organisation camerounaise pour la défense des droits de l’homme, des libertés et du bien-être (ACADHELIB), a échappé de justesse à un enlèvement perpétré par un commando circulant à bord d’un véhicule banalisé. C’est ce qu’indique un communiqué de l’association daté du 8 juillet, dont La Gazette du Défenseur a obtenu copie.
Le document ne précise pas les motifs de cette tentative d’enlèvement, mais l’activiste, désormais contraint de vivre dans un lieu tenu secret pour des raisons de sécurité, a confié à notre rédaction que l’attaque est intervenue quelques jours après l’envoi d’une lettre adressée au président camerounais Paul Biya. Dans cette lettre, il lui conseillait de ne pas se présenter à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain.
Âgé de 92 ans, Paul Biya est au pouvoir depuis 43 ans. Le 26 juillet dernier, Elections Cameroon, l’organe électoral national, a validé sa candidature au scrutin présidentiel.
Militant des droits humains depuis 17 ans, Aziz Moustafa déclare faire régulièrement l’objet de persécutions de la part du régime en place. Son organisation, ACADHELIB, a mené plusieurs enquêtes sensibles, notamment sur les exécutions extrajudiciaires à Mora, les détentions arbitraires liées à la crise anglophone, ainsi que sur l’enrichissement illicite de certains magistrats et membres du gouvernement.
Plus largement, de nombreuses organisations de défense des droits humains au Cameroun font face à la répression. Elles subissent harcèlement, menaces, et restrictions de leurs activités. Fin 2024, le ministre de l’Administration territoriale (MINAT) a ordonné l’interdiction du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale. Quant aux membres de Nouveaux Droits de l’Homme – Cameroun (NDH), ils sont régulièrement victimes d’intimidations et de menaces de mort.
La Gazette du Défenseur