Contribuez à une presse libre

Faire un don wdgk loader image

L’affaire de l’assassinat d’Idris Deby Itno s’est ouvert ce lundi devant un tribunal de N’djamena. Plus 400 combattants rebelles sont au banc des accusés. Mais le procès semble avoir pour but de  divertir des vrais assassins.

Plus de 454 combattants du mouvement rebelle Front pour l’alternance et la concorde du Tchad(FACT) comparaissent devant la Haute Cour de Justice de N’djamena depuis le 20 février dernier. Le procès relatif à l’assassinat du président Idris Deby Itno aura lieu à huis clos dans une salle d’audience située à l’intérieur de la prison de Klessoum, au sud-est de la capitale. Selon le ministère public, les accusés sont poursuivis pour « terrorisme » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Arrivé au pouvoir en décembre 1990 suite à un coup d’Etat, Idris Deby Itno est, de sources officielles, tombé sur le front de la lutte contre les rebelles du FACT le 21 avril 2021.  

Cette procédure judiciaire court le risque d’être entachée de vices sur pas mal de points. D’abord, il y a lieu de remarquer que ce procès est attentatoire aux règles de l’indépendance et de l’équité prévues par les instruments juridiques internationaux tels que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.  La justice tchadienne, sous forte emprise de la junte militaire dirigé par le fils du défunt Mahamat Deby Itno, a très peu de chance de rendre un verdict juste et conforme aux standards internationaux.

Vers un procès politique

Le régime Déby voudrait donc être à la fois juge et partie. Mais pas seulement. Le choix d’un procès à huis clos fait par la junte militaire au pouvoir rend la procédure inaccessible pour le Tchadien lambda. Pourquoi le gouvernement tchadien frappe ce procès du sceau du secret alors que l’affaire Hissène Habre, jugée en 2016 devant les Chambres Extraordinaires Africaines à Dakar au Sénégal, a été retransmise en direct à la télévision nationale tchadienne Télé Tchad ?

Autre remarque pertinente : le régime Deby semble avoir désigné ses présumés coupables alors que des sources concordantes indiquent que les balles ayant atteint mortellement le président défunt venaient de son propre camp : « Dans les jours qui suivent, une thèse alternative circule massivement sur les réseaux sociaux : Idriss Déby aurait été assassiné par un de ses compagnons d’armes. Il serait la victime d’un règlement de compte au sein de son clan, les Zaghawas, très minoritaires au Tchad, mais surreprésentés au sein des milieux sécuritaires. On évoque un conciliabule qui aurait mal tourné”, lit-on sur le site internet de Radio France Internationale, dans un article publié le 20 juillet 2021.

A travers le procès de 454 rebelles du FACT, la famille Deby n’essaye-t-elle pas de nous entrainer vers une fausse piste ? Quoiqu’il en soit, les contours d’un procès politique sont de plus en plus perceptibles dans cette affaire.

La Gazette du Défenseur