Cette opération de conscription des défenseurs des droits humains s’inscrit dans le droit fil d’une loi d’urgence votée en avril dernier dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Mais pour des ONG internationales, il s’agit d’une manœuvre des autorités militaires visant à réduire au silence des voix dissidentes.
Des défenseurs des droits humains bientôt au côté de l’armée pour combattre les groupes terroristes. Ainsi en a décidé la junte militaire burkinabè que dirige le capitaine Ibrahim Traoré. En effet, entre le 4 et le 5 novembre 2023, une douzaine de journalistes, d’activistes et d’acteurs de la société civile, ont reçu les messages des forces de défense et de sécurité, les informant de ce qu’ils devront participer à des opérations de sécurisation du territoire.
Cette campagne d’enrôlement au sein de l’armée burkinabè est conforme à un décret d’urgence dite de « mobilisation générale » en vigueur depuis le 13 avril dernier. Cette initiative suscite des condamnations tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du Burkina Faso : « la junte burkinabè utilise sa loi d’urgence pour réduire au silence la dissidence pacifique et punir ses détracteurs », a déclaré Illaria Allegrozzi, chercheure à Human Rights Watch. Ce mercredi 8 novembre 2023, le collectif des avocats des recquis a qualifié cette conscription d’« illégale ».
Depuis la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, la situation des libertés d’expression de plus en plus se dégrade. Fin mars dernier, le chef de la junte a ordonné l’enrôlement au sein des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) de Boukari Ouedraogo, malgré son handicap visuel. Le président de l’association l’Appel de Kaya avait invité les autorités de transition à descendre sur le terrain pour toucher du doigt les réalités que vivent les populations victimes du terrorisme. L’activiste dit avoir reçu des menaces de mort suite à ces propos.
La Gazette du Défenseur