La mission d’observation de l’Union européenne a rendu public vendredi dernier un rapport accablant sur le déroulement de la présidentielle d’août dernier au Zimbabwé. Le gouvernement qualifie ce rapport d’ingérence dans les affaires internes du pays.
Le verdict de l’Union européenne (UE) au sujet des élections générales (présidentielle, législative) du 23 août dernier au Zimbabwé, est sans appel. De nombreuses irrégularités ont entaché ces différents scrutins et jeté le doute sur la fiabilité des résultats. La mission d’observation de l’Union européenne (UE) a rendu public son rapport vendredi 17 novembre dernier. La mission dit avoir séjourné au Zimbabwé entre le 8 juillet et le 11 septembre.
Selon le rapport d’observation de 79 pages dont La Gazette du Défenseur a obtenu copie, les institutions censées garantir la transparence et la fiabilité des élections n’ont pas fait preuve d’impartialité et les scrutins se sont déroulés dans un contexte de violation des droits humains, notamment la liberté de manifester et la liberté de presse.
D’après le rapport, la Zimbabwean Electoral Commission (ZEC), la commission électorale locale, a brillé par un « manque d’indépendance” et un “déficit de transparence ». Selon les observateurs de l’UE, l’opposition et la société civile n’ont pu obtenir de la ZEC la publication des résultats par bureau de vote. De plus, la mission d’observation a pointé du doigt le système judiciaire qui a lui aussi manqué d’impartialité.
S’agissant des libertés individuelles et collectives, le rapport fait état d’une campagne électorale marquée par des tensions, des actes de violences et la liberté de manifester que les autorités ont entrepris de restreindre. D’après le rapport de l’UE, la police zimbabwéenne a rejeté plusieurs demandes d’autorisation à manifester des partis d’opposition. Pour ce qui est de la liberté de la presse, les médias nationaux et internationaux, désireux de couvrir les scrutins, ont été confrontés à des tracasseries administratives dues à une obligation de double accréditation qu’imposaient la ZEC et Zimbabwean Media Commission.
Suite à la publication de ce rapport, la réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre : « La Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) ne devrait jamais outrepasser son mandat en s’immisçant dans les processus nationaux et en dictant au Zimbabwe la manière dont les institutions et le cadre législatif du pays doivent être structurés », a rappelé le ministre de la Justice et des Affaires Légales et Parlementaires, Ziyambi Ziyambi. C’était au cours d’une conférence de presse tenue samedi 18 novembre dernier à Hararé.
Le président sortant Emmerson Mnangagwa, au pouvoir depuis 2018, a remporté la présidentielle du 23 août dernier avec 52,60% de suffrages exprimés, contre 44,03% pour son rival Nelson Chamisa du Citizen Coalition for Change (CCC). A l’issue des législatives, le parti au pouvoir, la ZANU-PF, a raflé 177 sièges au parlement contre 103 pour la CCC. Dans une interview accordée à l’agence de presse américaine Associated Press le 4 août dernier, Nelson Chamisa avait révélé que le régime en place obligeait les populations en zone rurale à voter pour Mnangagwa et la ZANU-PF.
La Gazette du Défenseur/The Zimbabwe Mail