Amnesty International invite la junte militaire au pouvoir à protéger les journalistes.
Selon un communiqué de l’ONG Amnesty International parvenu à la rédaction de la Gazette du Défenseur, des journalistes locaux comme étrangers sont victimes de menaces de mort et d’expulsion, juste pour avoir fait leur travail. C’est le cas d’Agnès Faivre et Sophie Douce, respectivement correspondantes des journaux français Libération et Le Monde. Ces dernières ont été priées le 31 mars dernier par les autorités de quitter le territoire burkinabé. Il était reproché aux deux journalistes d’avoir enquêté sur une vidéo virale sur les réseaux sociaux, qui montrait des militaires burkinabé en train d’exécuter sommairement des enfants et des adolescents, dans un camp militaire à Ouayigouya, au nord du pays.
D’après Amnesty International, 3 journalistes burkinabé ont reçu des menaces sur les réseaux sociaux pour s’être montrés solidaires de leurs consœurs françaises. Il s’agit de Lamine Traoré (Radio Oméga), Hyacinte Sanou (Studio Yafa) et Boukary Ouoba (Association des journalistes burkinabé). En décembre 2022, rappelle le communiqué, le même Lamine Traoré et Newton Alpha Barry, journalistes indépendants, ont subi des menaces de mort de la part des soutiens de la junte militaire au pouvoir. Aux hommes de médias, il était reproché leur esprit libre et indépendant.
En plus des journalistes ciblés par les bourreaux de la liberté de presse, Amnesty International mentionne également la suspension du signal de France 24 le 27 mars 2023 et de RFI en décembre 2022. Les autorités burkinabé de transition accusent les deux médias français de parti pris en faveur des terroristes: « la suspension de la chaîne de télévision France 24 marquent un tournant inquiétant de violation du droit à la liberté d’expression par les autorités », rappelle Samira Daoud, directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International.
S’agissant dés journalistes menacés ou expulsés, Amnesty International indique que :
« La lutte contre les groupes armés et l’insécurité ne sauraient être un prétexte pour restreindre les libertés de la presse et les droits des citoyens d’accès à l’information. L’expulsion des correspondantes des journaux Libération et Le Monde, et la suspension de la chaîne de télévision France 24 marquent un tournant inquiétant de violation du droit à la liberté d’expression par les autorités ».
Depuis 2015, le Burkina Faso subit des attaques terroristes, notamment au nord et au centre du pays. Cette insécurité a fait plus de 10 000 morts selon des ONG et entraîné deux coups d’Etat en 2022. Depuis le 30 septembre 2022, le pays est sous la férule d’une junte militaire que dirige le capitaine Ibrahim Traoré. Ce dernier a renversé le lieutenant-colonel Paul Sandaogo Damiba qui, le 24 janvier 2022 a fait tomber Rock Marc Christian Kaboré, président démocratiquement élu en 2015 et 2020.
La Gazette du Défenseur