La Haute Cour d’Espagne a bouclé l’enquête sur l’enlèvement d’opposants équato-guinéens (parmi lesquels des naturalisés espagnols) en 2019. Mais la juridiction dit ne pas pouvoir ordonner l’ouverture du procès car une autre enquête sur l’affaire est en cours en Guinée Equatoriale.
Selon l’agence de presse anglaise Reuters, la justice espagnole a bouclé l’enquête contre l’ancien patron des renseignements extérieurs, Carmel Ovono Obiang, et deux autres hauts responsables de la sécurité. Carmelo Ovono Obiang est l’un des fils de l’inamovible président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbazogo. L’enquête porte sur une affaire d’enlèvements et de tortures de 4 opposants équato-guinéens en exil. Il s’agit de membres du Mouvement de Libération de la Troisième République de Guinée Equatoriale (MLGE3R). 2 d’entre eux sont naturalisés espagnols.
L’un des citoyens espagnols, Julio Mefouman Obama, est mort dans une prison équato-guinéenne en janvier 2023 des suites des tortures qu’il a subies, selon le MLGE3R. Ce qu’a démenti le gouvernement équato-guinéen qui a soutenu que l’opposant est mort de maladie dans un hôpital. La justice espagnole a ouvert une enquête sur cette affaire.
En 2020, le MLGE3R a saisi la Haute Cour d’Espagne des faits selon lesquels Carmel Ovono Obiang a conduit l’enlèvement en 2019 au Soudan du Sud de 4 de ses militants, parmi lesquels deux naturalisés espagnols. Conduits en Guinée Equatoriale, ils ont été incarcérés dans une prison à Mongomo, à l’est de la Guinée Equatoriale. Dans sa plainte, le mouvement politique a indiqué que les opposants faisaient l’objet d’une filature des services secrets d’Obiang Nguema en Espagne.
Selon Santiago Pedraz, un des juges de la Haute Cour d’Espagne, la Cour suprême de Guinée Equatoriale mène ses propres investigations sur cette affaire. D’où l’impossibilité de renvoyer l’affaire en jugement devant un tribunal espagnol. Le magistrat a également argué de ce qu’il n’existe aucune preuve de ce que les opposants étaient filés en Espagne avant d’être enlevés puis conduits de force en Guinée Equatoriale en passant au Soudan du Sud, par des agents de renseignements équato-guinéens.
Unique pays hispanophone d’Afrique, la Guinée Equatoriale est dirigée d’une main de fer depuis 44 ans par Obiang Nguema Mbazogo, aujourd’hui âgé de 80 ans. C’est un pays où les opposants sont systématiquement jetés en prison ou contraints à l’exil, où la liberté de presse et d’expression sont quasi-inexistantes.
La Gazette du Défenseur/Reuters