Dans un communiqué récent, Human Rights Watch pointe du doigt les séparatistes anglophones comme responsables de l’exécution sommaire de deux hommes à Guzang, dans la région anglophone du Nord-Ouest. Pourtant, les membres du groupe armé à l’origine de cet acte odieux sont sponsorisés par le gouvernement camerounais.
Dans un communiqué publié le 13 octobre 2023 sur son site internet, Human Rights Watch a accusé deux membres des Ambazonia Defence forces, un groupe armé séparatiste actif dans le Cameroun anglophone, d’avoir exécuté deux hommes à Guzang. La localité est située dans la région anglophone du Nord-Ouest et l’incident a eu lieu le 4 octobre dernier. L’ONG a d’ailleurs contacté le chargé de la communication d’ADF, Lucas Asu, qui a confirmé la responsabilité d’ADF dans cette exécution sommaire et extra-judiciaire.
Selon une enquête de La Gazette du Défenseur, ADF est un groupe de combattants à la solde du gouvernement camerounais, dont le rôle est d’infiltrer la lutte d’indépendance des anglophones du Cameroun afin d’en ternir la réputation vis-à-vis de l’opinion internationale. Pour y parvenir, le groupe armé recourt à des assassinats ciblés, à des enlèvements, à des exécutions sommaires, des faits d’armes attribués aux combattants authentiques. Récemment, ADF a assassiné un journaliste à Bamenda et kidnappé des femmes à Big Babanki.
Des hommes d’affaires camerounais financent ADF
Selon une enquête du journal français Coups Francs, Le groupe armé ADF bénéficie de l’appui financier de certains hommes d’affaires camerounais proches du pouvoir de Yaoundé, pour s’équiper en armes et s’attaquer aux autres groupes armés loyaux, eux, à la lutte.
Récemment, l’auteur de ces lignes a échangé avec Success Nkongho, un ancien activiste ambazonien. Ce dernier lui a confié que début 2021, il a fait venir le commandant d’ADF, « General Big Number », au Nigeria parce qu’il voulait déposer les armes. Mais l’un des responsables des services secrets camerounais l’a convaincu de revenir sur le terrain.
Human Rights Watch attribue aux « séparatistes » l’incident de Guzang. Ce qui n’est pas faux. Mais il est impérieux, pour éviter de semer la confusion dans les esprits, d’être précis sur la nature du groupe séparatiste qui a sévi de peur de paraître manipulé par les sécurocrates du régime Biya. Car n’est pas forcément « ambazonien » tout groupe qui porte le nom « Ambazonia ».
Michel Biem Tong