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Le gouvernement congolais estime que les rebelles rwandophones ont infiltré l’armée congolaise à la faveur des précédents accords de paix. 

Selon la Deutsche Welle, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, dit non à toute négociation directe avec les rebelles du M23. La raison avancée par le chef de l’Etat congolais est que les précédents accords de paix signés avec les rebelles leur ont permis d’infiltrer l’armée nationale et partant, la fragiliser. 

Cette position ferme du président congolais est à saluer car le M23, qui a pour ancêtre l’Alliance des forces démocratiques de libération(AFDL), le mouvement rebelle à l’origine de la chute de l’inamovible président zaïrois Mobutu Sese Seko en mai 1997, ignore ce que négocier et surtout respecter les accords signés veulent dire. En effet, le nom M23 signifie Mouvement du 23 mars 2009, date à laquelle le gouvernement congolais a signé à Goma (est) des accords de paix avec le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Malgré les négociations ayant abouti à l’intégration des membres du CNDP au sein des forces de défense et de sécurité, l’une de leurs revendications, des membres du défunt mouvement rebelle ont repris les armes contre la RDC en mai 2012. 

Le CNDP a été créé en 2006 par Laurent Nkunda, un officier général rwandophone qui a déserté en 2004 l’armée congolaise qu’il a intégré à la faveur des accords de Sun City. Lesdits accords ont été signés le 19 avril 2002 entre les différentes parties de la deuxième guerre du Congo qui s’est déclenchée le 2 août 1998. Rappelons que Laurent Nkunda fut un haut gradé du Front patriotique rwandais, un mouvement rebelle créé depuis l’Ouganda en 1987 par d’immigrés tutsi, et qui est à l’origine de l’attaque du 1er octobre 1990 au nord du Rwanda et du génocide de 1994. 

Les accords de Sun City ont pourtant favorisé l’entrée au sein du gouvernement, de l’armée et du parlement, du RCD Goma, mouvement rebelle créé en août 1998 par des ex-combattants de l’AFDL pour protester contre leur expulsion de la RD Congo par Laurent Desiré Kabila. Venus du Rwanda et de l’Ouganda, soutenus par les présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni, ces rebelles avaient pourtant porté Kabila au pouvoir après la chute de Mobutu. 

De l’AFDL au M23 en passant par le RCD-Goma, les rebelles made in est de la RDC n’ont usé que de chantage vis-à-vis de l’Etat pour intégrer ce dernier. Le gouvernement congolais a toujours fait preuve d’ouverture mais en face, on en redemande toujours plus, sur la base d’argutie du genre « la marginalisation de la minorité rwandophone». Ces mêmes rwandophones auxquels le M23 crée des misères en les massacrant et violant. Dans un rapport publié en février dernier, l’ONG Amnesty International a révélé que les combattants du M23 ont massacré plus de 170 personnes et violé au moins 66 filles. Quelle négociation est possible avec d’individus qui ne pensent qu’au canon comme moyen de revendications, surtout que ces dernières ne sont ni précises ni légitimes? 

La Gazette du Défenseur