Christopher Kayumba a été acquitté ce mercredi devant un tribunal à Kigali pour insuffisances de preuve. L’activiste a toujours soutenu que les poursuites judiciaires contre lui étaient politiquement motivées.
C’est une tradition au Rwanda, pays de Paul Kagame. Evoquer des motifs de droits communs pour museler des opposants politiques. Il est important de rappeler que ce pays de l’Afrique des Grands Lacs est dirigé par un militaire, ancien chef rebelle et ancien directeur des renseignements militaire au sein de l’armée ougandaise dont le passé de tortionnaire lui valut le sobriquet « Kagome » (le méchant en kignarwanda).
La démocratie dans un tel pays, c’est comme espérer qu’il neige en plein été. D’ailleurs, alors que ses troupes attaquaient le Rwanda à partir de l’Ouganda au début des années 1990 et qu’elles étaient invité à dialoguer avec le régime Habyarimana, Paul Kagame n’avait-il pas clamé que sa démocratie à lui c’est la kalach ?
L’homme rwandais est donc au pas de militaire. Les militants politiques de l’opposition aussi. Autrement, c’est la tombe ou la prison. Christopher Kayumba est l’une des victimes. Cet enseignant d’université de 50 ans a été jeté dans les cellules infectes de « Kagome » en septembre 2021 pour viol.
Curieusement, les magistrats aux ordres de l’ex-chef rebelle n’ont détecté le crime qu’après la création par l’opposant d’un parti politique puis d’un journal en ligne appelé The Chronicles. Rappelons que son rédacteur-en-chef, John William Ntwali, a trouvé la mort le mois dernier suite à un accident de moto « suspect ».
Ce mercredi 22 février 2023, un tribunal de Kigali a acquitté purement et simplement Christopher Kayumba pour « insuffisance de preuve ». Osons croire que le juge ayant rendu ce verdict ne sera pas lui aussi victime d’un accident de moto dans les jours qui viennent, tant la décision est empreinte de courage et de témérité. Ne l’oublions pas, le dossier Kayumba est purement politique. L’accusé lui-même a plusieurs fois martelé, grève de la faim à l’appui, que les motifs de sa détention étaient d’ordre politique. La décision de justice semble lui avoir donné raison. Espérons qu’une fois sorti de prison, il sera en sécurité.
La Gazette du Défenseur