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Depuis la survenue de ces tueries de masse, une certaine opinion tend à pointer du doigt les seuls hutus et la France de François Mitterrand, comme les auteurs du génocide rwandais. Pourtant le camp de l’actuel président Paul Kagame tout comme les Etats-Unis, ont joué un rôle non-négligeable dans cette affaire.

6 avril 1994-6 avril 2024. Il y a 30 ans, l’humanité tout entière expérimentait l’un des évènements les plus tragiques du 20e siècle après la Shoa contre les Juifs au temps de l’Allemagne nazie. A cette date, s’est déclenché un massacre à grande échelle, suite à un attentat ayant entraîné la mort du président rwandais de l’époque, Juvenal Habyarimana et son homologue du Burundi, Cyprien Ntaryamira. Le Falcon 50 transportant les deux chefs d’Etat, avait été abattu juste avant l’amorce de son atterrissage à l’aéroport de Kigali. L’aéronef revenait d’Arusha où les chefs d’Etat ont pris part à une réunion sur la crise politique au Rwanda.

Depuis la survenue de ce drame, les médias occidentaux ont toujours voulu faire accréditer la thèse selon laquelle c’est le régime hutu d’Habyarima, avec l’appui de la milice tribale dénommée Interahamwe, qui ont massacré des centaines de milliers de Tutsi pendant plusieurs mois. L’usage de l’expression « le génocide des Tutsi » est très courant dans la presse occidentale.  L’actuel président rwandais, Paul Kagame, y est présenté comme le « sauveur des Tutsi », en tant que chef du Front patriotique rwandais (FPR), un mouvement politique alors opposé au régime du général Habyarimana. D’après la version très souvent admise des circonstances de l’attentat de l’avion, il s’agit de l’œuvre d’extrémistes hutus qui refusait de partager le pouvoir avec les rebelles tutsi, conformément aux accords d’Arusha d’août 1993 signés par le président Habyarimana et le leader du FPR, Paul Kagame. Pourtant, quelques jours avant la signature desdits accords de paix, Paul Kagame disait à qui voulait l’entendre que sa démocratie à lui était synonyme de kalashnikov.  Il est également admis que la France n’a rien fait pour empêcher le génocide et a plutôt apporté son appui aux forces armées rwandaises ainsi qu’aux Interahamwe.

Mandat d’arrêt contre Kagame et son clan

Loin de nous toute intention de verser dans du négationnisme car il est établi que des centaines de milliers de Tutsi ont bel et bien fait l’objet de massacres pendant cette période tragique. Il est vrai que quelques jours avant le déclenchement des hostilités, la Radio Mille Collines, sponsorisée par le régime Habyarimana, diffusait des émissions incendiaires qui appelaient ouvertement à exterminer les Tutsi qui étaient alors traités d’ « ignenzi » (cafards). Mais pour une véritable réconciliation, il faut que la vérité sur ce qui s’est exactement passé soit restituée et les responsabilités clairement établies.

Le 8 novembre 1994, l’ONU a mis sur pied à Arusha, en Tanzanie, le Tribunal pénal international (TPIR) pour juger les auteurs et commanditaires du génocide. La compétence temporelle de ce tribunal a été fixée du 1er au 31 décembre 1994. Mais le tribunal international n’a jugé que des dignitaires hutus tandis qu’aucun des dirigeants du FPR et de sa branche militaire, l’Armée patriotique rwandaise (APR), n’a fait l’objet de poursuites judiciaires jusqu’à présent. Le TPIR était une espèce de tribunal des vainqueurs créé pour juger les vaincus. La raison de cet état de fait était que le parquet de cette juridiction était basé à…Kigali. De plus, le régime de Paul Kagame accuse régulièrement le gouvernement français de n’avoir rien fait pour empêcher le carnage. Ce que l’homme fort du Rwanda feint d’ignorer est que la justice française a classé sans suite l’affaire de l’attentat du 6 avril 1994 dans laquelle son nom est revenu plusieurs fois. En effet, le 17 novembre 2006, le juge anti-terroriste près le Tribunal de grande instance de Paris, Jean Louis Bruguyère, a lancé un mandat d’arrêt international contre 9 membres du clan Kagame, pour leur rôle dans cet incident. Du fait de son statut de président de la République, le sort de Kagame a été remis entre les mains du TPIR. Cette décision du juge d’instruction fait suite à une plainte déposée en 1997 par les familles des membres de l’équipage de l’avion, tous de nationalité française.

Les services secrets de Kagame infiltrent les Interahamwe

Le lobbying international pro-tutsi attribue le massacre de plus de 800 000 « tutsi et hutu modérés » aux seuls extrémistes hutus. Pourtant, pendant le génocide, les soldats de l’APR ont massacré des civils en se passant pour des milices hutues, comme ce fut le cas à Bisesero, au nord du Rwanda. De plus, la journaliste canadienne Judi Rever a eu accès à un document top secret du TPIR, lequel comportait le témoignage d’un responsable du Department of Military Intelligence (DMI), le service de renseignement contrôlé par Kagame, selon lequel le DMI infiltrait les Interahamwe pour commettre des massacres sur des Tutsis. La DMI fut l’unité de l’APR chargé du renseignement militaire. Le FPR de Kagame bénéficiait de l’appui militaire et logistique des Etats-Unis.

Rappelons que le FPR a été crée en 1987 en Ouganda. Le FPR comprenait des soldats et officiers tutsi de l’armée ougandaise dont les parents ont fui les persécutions de la majorité hutue suite à la proclamation de l’indépendance du Rwanda en 1959.  Paul Kagame exerçait au sein des forces de défense ougandaises comme chargé du renseignement militaire et les membres du FPR avaient quelques années plus tôt, fait partie du mouvement rebelle National Resistance Army dirigé par Yoweri Museveni. Ce dernier a pris le pouvoir en 1986 après avoir renversé le général Tito Okello.

Michel Biem Tong

Sources : Rwanda : L’éloge du sang, Judi Rever

Enquête sur un attentat, Charles Onana

Paul Kagame a sacrifié les Tutsi, Jean Marie Ndagijimana