L’avocat et ancien porte-parole de l’ONG Human Rights Watch, devait animer une conférence à N’djamena sur une véritable justice pour les victimes de l’ancien dictateur. Le gouvernement tchadien a commencé à indemiser lesdites victimes mais les organisations de défense des droits humains estiment que le montant débloqué est insuffisant.
Selon Human Rights Watch, la police tchadienne a arrêté puis expulsé le 2 octobre dernier l’avocat et ancien porte-parole de l’ONG, Reed Brody. Le militant des droits de l’homme devait prendre part en compagnie de l’avocate tchadienne Jacqueline Moudeina, à une table-ronde sur l’indemnisation des victimes de l’ancien dictateur tchadien, Hissène Habré. La table-ronde était une initiative de la section presse et culturelle de l’ambassade des Etats-Unis à N’djamena, en partenariat avec le Centre d’études et de formation pour le développement (CEFOD). A cette occasion, Reed Brody devait présenter son ouvrage intitulé La traque de Hissène Habré : Juger un dictateur dans un monde d’impunité. La police a interdit la tenue de cette conférence.
La tenue de cette table-ronde est intervenue quelques semaines après que le gouvernement a versé environ 10 milliards de FCFA à entre 70% et 80% des 10 700 victimes et ayants-droits de la dictature de Hissène Habré. Soit 920 000 FCFA à chaque personne. Un montant bien en deca des 150 milliards de FCFA que les Chambres extraordinaires de l’Union Africaine (UA) en 2016 ainsi que la Cour criminelle de N’djamena un an plus tôt, ont, dans leurs jugements respectifs, accordés aux victimes. Soit respectivement 82 milliards de FCFA et 75 milliards de FCFA : « Au lieu d’étouffer les discussions à ce sujet, le gouvernement devrait finaliser le processus de compensation totale aux victimes de Habré qui souffrent depuis longtemps », a conclu Tirana Hassan, directrice exécutive de Human Rights Watch
Une commission d’enquête tchadienne a chiffré à 40 000 le nombre des victimes de la répression du régime de Habré. Ce dernier a dirigé le Tchad d’une main de fer de 1982 à sa chute en 1990 intervenue à la suite d’un putsch d’Idris Deby Itno. Condamné à perpétuité en 2016 pour crimes contre l’humanité devant les Chambres extraordinaires de l’UA, Hissène Habré a rendu l’âme en août 2021.
La Gazette du Défenseur