Le parti Tchad Uni pense que le référendum organisé récemment était une mascarade et que le fort taux d’abstention est l’expression du rejet des populations envers les initiatives dictatoriales du pouvoir de transition.
Selon le site d’information tchadien Alwihdainfo qui rapporte la quintessence de son communiqué post-référendum, le parti Tchad Uni a félicité les Tchadiens qui ont brillé par leur abstention lors du référendum constitutionnel du 17 décembre dernier. Selon le président de ce parti, Mahamat Zene Cherif, par ce boycott du scrutin référendaire, les Tchadiens ont exprimé leur rejet « du mépris du gouvernement à l’égard des citoyens, des valeurs démocratiques et républicaines du Tchad ». D’après l’homme politique, cette abstention du référendum qu’il a qualifié au passage de mascarade, est « l’expression du rejet des initiatives non démocratiques et sans concertation avec les forces vives de la Nation tchadienne ».
Une opinion que ne partage pas les observateurs internationaux présents pendant le vote. Au cours d’un point de presse tenu le 18 décembre dernier à N’djamena, les observateurs électoraux de la société civile africaine ont, dans leur rapport préliminaire, indiqué que le scrutin s’est bien déroulé sur toute l’étendue du territoire national et que vote des Tchadiens de la diaspora, des nomades et des militaires s’est également bien passé. Les observateurs ont également noté un fort taux de participation à N’djamena, dans les grandes villes et provinces du pays.
C’est fin juin dernier que le Conseil militaire de la transition (CMT), l’organe en charge de la transition au sommet de l’Etat, a adopté le projet de Constitution à soumettre au référendum. Ce dernier est l’une des étapes du processus de transfert du pouvoir aux civils. Mais à l’issue du grand dialogue national organisé l’année dernière, il a été recommandé que les membres du CMT, dont le président Mahamat Deby Itno (fils du président défunt Idris Deby Itno), pouvait se porter candidat à l’élection présidentielle.
Le 20 octobre 2022, alors que la transition qui a démarré à la mort du président Idris Deby Itno le 11 avril 2021, était arrivé à son terme, le CMT a prolongé le délai de la transition politique de deux années supplémentaires. Ce qui a déclenché des manifestations violemment réprimées par les autorités militaires. La nouvelle Constitution réinstaure les institutions telles que le Sénat, la Haute cour de justice, la Cour suprême, la Cour des comptes, le Conseil constitutionnel, la Justice militaire, le Haut conseil des médias et de l’audiovisuel, le Haut conseil des chefferies traditionnelles et la Commission nationale des droits de l’homme. L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans son communiqué rendu public le 19 décembre 2023, s’est félicitée de ce que le projet de constitution consacre la prohibition de la torture et autres mauvais traitements. L’OMCT souligne cependant que l’adoption de cette loi fondamentale ne garantit en rien la mise en application de ses dispositions.
La Gazette du Défenseur/Alwihdainfo