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Des sources proches de l’enquête sur l’assassinat du journaliste camerounais Martinez Zogo, dénoncent une instruction judiciaire bâclée. La famille du disparu craint qu’on veuille protéger certaines personnes. Reporters Sans Frontières fait de nouvelles révélations.

Justice sera-t-elle rendue à la famille du journaliste camerounais Martinez ZOGO ? Contactée par Reporters Sans Frontières (RSF), une sœur de l’homme de médias craint qu’on essaye de protéger les suspects. L’organisme de défense de la liberté de la presse a rendu public un nouveau rapport sur l’affaire Martinez ZOGO. L’ONG avait publié les 3 et 9 février dernier deux précédents rapports sur l’affaire de l’assassinat du journaliste.

Des sources proches de l’enquête ont confié à RSF que des éléments utiles à la manifestation de la vérité soit sont manquants, soit ont été soustraits du dossier ou n’ont pas été transmis à l’enquête. Elles ont pris pour exemple les images de vidéosurveillance de l’immeuble Ekang qu’on tente de faire disparaître. L’immeuble Ekang appartient à l’homme d’affaires Jean Pierre AMOUGOU BELINGA, en détention provisoire dans le cadre de l’affaire. Ces sources indiquent également que les juges en charge de l’enquête n’ont pas réalisé les relevés téléphoniques. RSF conclue que certaines personnes commencent à douter de la sincérité de l’instruction en cours.

Les enquêteurs de RSF disent avoir rencontré le lieutenant-colonel Justin Danwe à la prison centrale de Yaoundé. Le directeur des opérations à la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) a piloté l’opération qui a abouti à l’assassinat de Martinez ZOGO. La DGRE c’est le service de contre-espionnage camerounais. Danwe a réitéré que Martinez ZOGO a été tué le 17 janvier dernier sur instructions de Jean Pierre Amougou Belinga. Il a confirmé le coup de fil du ministre de la Justice Laurent Esso à Belinga à travers lequel le membre du gouvernement demande de « terminer le travail ».

Le lieutenant-colonel Danwe a confié à RSF qu’un deuxième commando, lui aussi de la DGRE, a transporté le corps de Martinez ZOGO sur un chemin de terre pour qu’il soit retrouvé. Le premier commando a déposé le corps emballé dans du papier aluminium, sur un terrain vague. D’après un membre du commando, le but de l’opération n’était pas de tuer Martinez ZOGO. D’où le chef  d’accusation de torture par aide qui pèse sur AMOUGOU BELINGA. Ce que les sources proches de l’enquête contactés par RSF qualifient d’arrangement.

Martinez ZOGO était présentateur de l’émission de grande écoute « Embouteillage ». L’émission est diffusée sur Amplitude FM, une radio privée de Yaoundé dont il était le directeur. Quelques jours avant son assassinat, le journaliste a, dans le cadre de l’émission, révélé un vaste scandale financier dans lequel est impliqué Jean Pierre Amougou Belinga et le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Porté disparu le 17 janvier 2023, la dépouille en putréfaction du journaliste est retrouvée le matin du 22 janvier 2023 à Ebogo 3, dans une banlieue de Yaoundé.

La Gazette du Défenseur