Lors de sa visite de travail en République démocratique du Congo ce week-end, le président français a annoncé un pont aérien et une aide humanitaire pour les populations de l’est du pays, affectées par les assauts de la rébellion M23. Sans nommer le Rwanda qui est parrain de ce mouvement, sans annoncer de lourdes sanctions contre les agresseurs.
L’hostilité de la société civile et des populations congolaises contre la visite du président français Emmanuel Macron dans leur pays n’était-elle pas fondée? Dans tous les cas, l’appel lancé en milieu de semaine dernière par 150 ONG et par Human Right Watch de soutenir les sanctions contre le Rwanda, soutien du mouvement rebelle M23, n’a pas été entendu par Emmanuel Macron.
Au cours de la conférence de presse tenue le 4 mars 2023 au palais de la Nation à Kinshasa par le président Félix Tshishekedi et son homologue français Emmanuel Macron, ce dernier s’est illustré par une langue de bois que du reste on lui connaît. Face au drame que subissent les populations de l’est de la RDC de la part des rebelles du M23, le chef de l’Etat français s’est contenté d’annoncé un pont aérien vers Goma et une aide humanitaire de 34 millions d’euros. On dirait un médecin après la mort qui ignore qu’on combat un mal à sa racine.
Oui, les populations de Goma et de l’ensemble de la partie orientale de la RDC touchée par les assauts du M23, ont besoin d’aide. Mais qui est-ce qui arme et finance le M23 si ce n’est le Rwanda voisin? Macron s’est contenté de dire « le pillage à ciel ouvert de la RDC doit cesser ». Mais il a été rappelé à l’ordre par le président congolais Félix Tsishekedi, qui n’est pas passé par Quatre chemins pour citer nommément le Rwanda comme l’agresseur de son pays.
Conseil de Sécurité de l’ONU
Quand au plan de sortie de crise, Emmanuel Macron a parlé d’un chronogramme qui part du 28 février 2023 et qui intègre entre autres le cessez-le-feu sur le terrain, le cantonnement et le programme de désarmement de démobilisation et de réinsertion des combattants du M23. Mais selon l’homme politique français, ce processus de normalisation relève de la responsabilité d’un mécanisme sous-régional de maintien de la paix (auquel le Rwanda, pays agresseur, participe). Cela s’appelle de la fuite en avant.
Pour alléger les souffrances des populations de l’est de la RDC qui se meurent, la France peut peser de tout son poids au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies pour faire voter une résolution. Cette dernière pourrait porter sur l’embargo sur les armes utilisées par le M23, les sanctions multiformes à l’encontre du clan Kagame et même la saisine de la Cour pénale internationale en vue des poursuites judiciaires à l’encontre des chefs de ce mouvement rebelle ainsi que leurs commanditaires, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le discours de Macron a eu le don de rappeler à ces populations meurtries qu’il est encore loin le bout du tunnel car Kagame demeure le chouchou de la communauté internationale, malgré les condamnations du bout des lèvres de cette dernière.
La Gazette du Défenseur
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