L’homme politique âgé de 49 ans est victime de harcèlement judiciaire venant du régime de Macky Sall. Le pouvoir sénégalais voit en lui un adversaire sérieux pour la présidentielle de 2024. Malgré les mises en garde des organismes de défense des droits humains, les autorités ne baissent pas la garde.
Les tourments se poursuivent pour Ousmane Sonko. Ce jeudi 16 février à Dakar, au sortir d’une audience sur une affaire de diffamation, le président des Patriotes africains du Sénégal pour l’éthique et la fraternité (Pastef) a été extrait de force de son véhicule par des gendarmes pour être raccompagné à son domicile. Sonko comparaît libre dans un procès en diffamation déclenché par le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang. Le ministre estime que l’opposant l’a accusé faussement de malversations financières.
Cette affaire en justice n’est pas la seule. Ousmane Sonko doit également se défendre face à des accusations liées à une affaire de mœurs. Fin janvier dernier, un juge d’instruction a renvoyé l’homme politique en jugement devant la Chambre criminelle. Sonko est accusé d’agression sexuelle sur une employé de salon de beauté du nom d’Adji Saar.
Y’en a marre
Mais nul n’est dupe du fin mot de toutes ces affaires judiciaires. La présidentielle de 2024 est en ligne de mire. Macky Sall et son système font feu de tout bois pour jeter des peaux de bananes sous les pieds du jeune homme politique de 49 ans, considéré comme un prétendant sérieux à la conquête du fauteuil présidentiel. Un adage bien connu ne dit-il pas que qui veut noyer son chien l’accuse de rage. Ousmane Sonko est certes un citoyen qui, comme un autre, doit être jugé par les tribunaux sénégalais en cas de délit ou de crimes. Mais le timing de ces procès à tiroirs laisse songeur.
Malgré la sonnette d’alarme tirée récemment par les organismes de défense des droits humains, Macky Sall et son régime n’en démordent visiblement pas. Quelques jours avant l’audience du 16 février, La Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) et Amnesty International Sénégal ont rédigé un communiqué dans lequel ils invitaient l’Etat sénégalais à «instaurer un dialogue franc avec toutes les forces politiques et sociales du pays pour créer les conditions de paix et favoriser une élection présidentielle libre, démocratique et transparente en 2024», lit-on dans le communiqué repris par le site d’information sénégalais seneplus.com.
Macky Sall est arrivé au pouvoir en 2012 grâce au soutien des acteurs de la société civile tels que le mouvement Y’en a marre qui s’était vivement opposé à un 3e mandat du président d’alors, Abdoulaye Wade. Grâce à la une forte mobilisation des populations sénégalaises dans la rue, Wade avait dû jeter l’éponge. Une fois aux commandes, Sall est en train de torpiller cette démocratie sans laquelle il ne serait pas au pouvoir aujourd’hui.
La Gazette du Défenseur