Il s’agit de deux membres dirigeants d’une association de journalistes et d’un reporter de télévision. Les deux premiers ont dénoncé, lors d’une réunion de l’association, la réquisition forcée des hommes de médias, tandis que le troisième est sanctionné pour avoir rendu compte de cet événement.Reporters Sans Frontières (RSF) dénonce le manque de tolérance de la junte militaire face aux critiques émises par les professionnels des médias.
Le 24 mars dernier, des agents du Conseil national de la sécurité (CNS) ont enlevé Guezouma Sanogo et Boukari Ouoba. Ce sont respectivement le président et le vice-président de l’Association des Journalistes du Burkina Faso (AJB). Leur enlèvement a eu lieu peu après le congrès de l’AJB. Pendant ce congrès, ils ont dénoncé de nombreuses violations de la liberté de presse au Burkina. Parmi ces violations, ils ont évoqué la réquisition forcée de certains journalistes. Luc Pagbelguem, journaliste pour la chaîne BF1, a également été interpellé par la CNS. Il avait fait un compte-rendu de l’événement.
Le 2 avril dernier, les trois journalistes sont réapparus en tenue militaire dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, ils vantent les mérites de l’armée burkinabè dans la lutte contre le terrorisme. L’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a réagi ce lundi 7 avril 2024 sur son site internet, qualifiant la déclaration de contrainte. “Forcer des journalistes à relayer une propagande d’État sous contrainte est une violation inacceptable de la liberté de la presse. Cela révèle un régime incapable de tolérer la critique”, dénonce Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF. Selon lui, ces manœuvres visent à intimider les journalistes et à les contraindre à l’autocensure.
D’après RSF, l’enlèvement des trois journalistes porte à six le nombre de journalistes enrôlés de force dans l’armée en moins d’un an. L’organisation appelle à leur libération immédiate et sans conditions. Depuis le putsch du 30 septembre 2022 et la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, les voix dissidentes qui critiquent la junte militaire sont soit enrôlées de force dans les forces armées, soit victimes de disparitions forcées. Le Burkina Faso subit des attaques terroristes depuis près de dix ans.
La Gazette du Défenseur