Me Guy Hervé Kam a été enlevé à l’aéroport de Ouagadougou alors qu’il revenait d’un voyage à l’intérieur du pays. L’avocat défend les intérêts des libres-penseurs réquisitionnés par le gouvernement pour aller servir au sein des forces armées.
Le coordonnateur du mouvement SENS, Me Guy Hervé Kam, a été enlevé dans la nuit du 24 au 25 janvier 2023 à l’aéroport international de Ouagadagou, lit-on dans un communiqué du Balai Citoyen sur son compte Facebook. Le Balai Citoyen est un mouvement politique dont Me Kam fut le porte-parole. Au moment de son enlèvement, l’avocat et militant des droits humains revenait d’un séjour familial à Bobo Dioulasso, capitale économique du pays.
Pour le Balai Citoyen, cet autre enlèvement d’une voix dissidente plonge le Burkina Faso dans « l’une des périodes les plus sombres de son histoire » où « des menaces, des réquisitions punitives, des séquestrations et enlèvement tous azimuts » meublent le quotidien des journalistes, hommes politiques et autres activistes réputés critiques envers la junte militaire du capitaine Ibrahim Traoré.
Me Guy Hervé Kam est l’avocat des réquisitionnés que le haut commandement militaire a sollicité le 6 novembre dernier dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le 19 avril 2023, le président de Transition, capitaine Ibrahim Traoré, a signé le décret dit de « mobilisation générale ». Le texte permet à l’Etat de recruter des civils de plus de 18 ans comme volontaires auprès des forces armées. Mais l’article 8 de ce décret garantit le droit à la vie et protège le réquisitionné contre la torture, les traitements cruels, inhumains et dégradants.
Le 6 décembre dernier, le tribunal administratif de Ouagadougou a déclaré illégal l’ordre de réquisition du 6 novembre et ordonné la suspension de ladite décision : « le combat, c’était de montrer que ces ordres de réquisition étaient des atteintes voilées à leur liberté d’opinion, à leur liberté d’expression, à leur droit de ne pas être soumis à la torture morale », a déclaré Me Kam au micro de Radio France Internationale.
Comme Guy Hervé Kam, des réquisitionnés tels que l’homme politique Ablassé Ouedraogo et le défenseur des droits humains Dr Daouada Diallo, ont dans un passé récent, fait l’objet d’un enlèvement. Dans un communiqué publié le 22 janvier dernier sur son site internet, Amnesty International a invité les autorités burkinabè à faire revenir Dr Daouda Diallo à la vie civile. L’ONG a dénoncé « la disparition forcée de défenseurs et militants des droits humains sous couvert de conscription ».
La Gazette du Défenseur
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