Les insurgés à l’origine de l’instabilité à l’est de la République démocratique du Congo ont pour ancêtre l’Alliance des forces démocratiques pour la libération, un mouvement rebelle composé de combattants rwandais et ougandais qui a renversé le président Mobutu en mai 1997 et provoqué une guerre civile aux conséquences désastreuses sur la situation politique actuelle de la RDC.
Malgré les appels incessants à un cessez-le-feu, le mouvement M23 continue de semer terreur et misères à l’est de la RDC. Ceci parce qu’elle a de quoi tenir. Ceci parce qu’aucune sanction n’a encore été prononcée à l’encontre de ses chefs et parrains à l’échelon international. En effet, cette attitude complaisante de la communauté internationale vis-à-vis de ce groupe armé puise son origine des rapports entre son mentor, le président rwandais Paul Kagame, et certaines puissances occidentales telles que les Etats-Unis, l’Angleterre et la Belgique. Et ce depuis plus de deux décennies.
Tout commence le 16 mai 1997. Sous la direction de Laurent-Desiré Kabila, grâce au coup de main de la CIA américaine et au soutien du Rwanda de Paul Kagame et de Ouganda dirigé par Yoweri Museveni, l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL) renverse le président inamovible de l’alors Zaïre, le maréchal Mobutu Sese Seko. A la prise de pouvoir de Laurent-Desiré Kabila, le pays prend le nom de République démocratique du Congo.
Mais dès les premiers mois de sa prise de fonction, Kabila se brouille avec ses parrains rwandais et ougandais. En effet, les populations congolaises commencent à se montrer de plus en plus agacées par la forte présence d’officiels rwandais dans l’appareil étatique congolais. A titre d’exemple, le général James Kabarebe était chef d’état-major à la fois des armées congolaise et rwandaise. Sous la pression populaire, Kabila décide d’expulser les combattants rwandais et ougandais qui l’ont porté à la tête de l’Etat. De plus, le « Mzee » a engagé une politique consistant à soustraire la RD Congo de l’emprise occidentale pour des relations bilatérales avec des pays réputés marxistes tels que Cuba et la Corée du Nord. A titre de rappel, Laurent-Desiré Kabila était un soutien du nationaliste congolais Patrice Lumumba, assassiné en janvier 1961.
Assassinat de Laurent Desiré Kabila
Le 2 août 1998, le mouvement rebelle RCD Goma voit le jour et déclenche la « deuxième guerre du Congo ». Le RCD a pour philosophie de combat la défense des intérêts de la minorité tutsi appelée « Banyamulengue » prétendument persécutée et marginalisée par le régime de Kabila. En réalité, l’objectif de la rébellion est de faciliter l’exploitation des gisements de minerais à l’est du pays par des compagnies occidentales.
Le 16 janvier 2001, Laurent Desiré Kabila est assassiné par un membre de sa garde rapprochée au palais présidentiel de Kinshasa. Kigali et Washington sont suspectés d’avoir commandité le meurtre. Mais les gouvernements des deux pays y ont toujours apporté un démenti. A la faveur d’un accord de paix signé le 16 décembre 2002, le RDC Goma intègre le gouvernement de transition et son représentant Azarias Ruberwa est nommé parmi les 4 vice-présidents de la RDC. La transition est censée prendre fin après l’élection du nouveau président de la République. En juillet 2006, Joseph Kabila est proclamé vainqueur d’une élection présidentielle vivement contestée. Joseph Kabila a pris les commandes du pays après l’assassinat de son père adoptif.
Insatisfait du partage du pouvoir, un ex-officier du RCD-Goma nommé Laurent Nkunda déserte l’armée congolaise et lance en janvier 2006 le Congrès national pour La Défense du peuple (Cndp), un groupe rebelle. Laurent Nkunda a combattu dans les rangs du Front Patriotique Rwandais, un mouvement rebelle sous la direction de Paul Kagame à l’origine du génocide de 1994. Conformément aux accords de Pretoria suscités, les membres du RCD Goma ont intégré l’armée congolaise courant 2003. Mais en août 2005, Laurent Nkunda a appelé ses ex-camarades à quitter les forces armées pour lancer des offensives armées à l’est de la RDC.
Du CNDP au M23
Miné par des querelles intestines, le CNDP se désintègre. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis 2005, Laurent Nkunda a été démis de ses fonctions de président de ce mouvement rebelle. Grâce à la protection de Kagame, Nkunda s’enfuit vers le Rwanda. Contrairement à l’annonce faite par des médias occidentaux, l’ex-chef rebelle n’a jamais été arrêté par les autorités congolaises en janvier 2009.
Le 23 mars 2009, à Goma, le CNDP signe avec le gouvernement congolais un accord de paix sous l’égide de l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo. Cet accord stipule entre autres que le CNDP se mue en parti politique et que ses membres intègrent les forces de défense et de sécurité congolaises. Mais en violation des accords de Goma, des ex-rebelles du CNDP intégrés au sein de l’armée se mutinent et fondent le M23 (qui signifie Mouvement du 23 mars 2009) en décembre 2012. Ils dénoncent la marginalisation de la communauté rwandophone tutsie établie en RDC depuis la fin des années 1950. Il s’agit en réalité de tutsis (Banyamulengue) ayant fui la vendetta de la majorité hutu après la conquête par cette dernière du pouvoir suprême à la proclamation de l’indépendance du Rwanda en 1959.
La Gazette du Défenseur