Une plateforme de journalisme d’investigation a révélé récemment que le groupe paramilitaire russe Wagner dirige des prisons secrètes au Mali. Selon les journalistes, les mercenaires russes sont responsables de nombreux cas de torture et de disparitions forcées dans ces lieux de détention.
Le groupe paramilitaire russe Wagner détient des prisons secrètes au Mali, en Afrique de l’Ouest. C’est ce qu’a révélé la plateforme d’investigation Forbidden Stories le 12 juin 2025, à l’issue d’une enquête approfondie liée à un projet nommé Viktoriia. Le nom fait référence à Viktoriia Roshchyna, une journaliste ukrainienne qui enquêtait sur les conditions de détention dans les zones occupées par la Russie en Ukraine. Elle a été enlevée par les forces russes et déclarée morte en détention le 19 septembre 2024. Forbidden Stories regroupe des journalistes d’investigation issus de plusieurs grands journaux européens. Sa mission est de poursuivre les enquêtes de journalistes assassinés ou emprisonnés à cause de leur travail.
Forbidden Stories a recueilli les témoignages de victimes de torture, aujourd’hui réfugiées dans des camps en Mauritanie, pays voisin. Elles ont décrit les sévices infligés par les soldats de Wagner :
– Ils m’ont frappé à la tête jusqu’à ce que je m’évanouisse. J’ai perdu beaucoup de sang. Ils ont aussi utilisé un briquet pour me brûler le ventre, a témoigné un commerçant, torturé dans un camp de Wagner en août 2024.
– Ils m’ont ligoté, bandé les yeux et mis dans un hélicoptère. Nous étions allongés au sol, et les mercenaires ont mis leurs pieds sur mon dos. Je croyais qu’ils m’emmenaient pour me tuer, a raconté une autre victime.
Les journalistes d’investigation affirment avoir identifié six camps militaires où des civils maliens ont été soumis à la torture entre 2022 et 2024. Ces camps appartiendraient à la fois à l’armée malienne et aux anciennes forces de maintien de la paix de l’ONU.
Le groupe Wagner est arrivé au Mali en 2021, après le retrait des troupes françaises de l’« Opération Serval ».En juin 2020, un groupe d’officiers dirigé par le colonel Assimi Goïta a renversé le président démocratiquement élu Ibrahim Boubacar Keïta à la suite d’un soulèvement populaire. Depuis, le pays est confronté à des attaques terroristes et à des affrontements armés avec des groupes séparatistes touaregs dans le nord.
La Gazette du Défenseur
